Rive à côté de la piste cyclable

C’est la zone de bardanes, de panais sauvages, de verge d’or et d’orties, de berce laineuse, d’alpiste roseau. Nous proposons de remplacer lentement les parcelles rondes de cette zone par des vergerettes, des Agastache fenouil, des rudbeckies hérisées, de pycnathème de virginie des montagnes, des échinacées poupre, des phystostégie de virginie, de la monarde, de l’achillée millefeuille, des lobélies cardinales, de panic clandestin, de l’onagre, des framboisiers, du cornouiller, etc. Tout ce que nous pourrons rassembler et jeter contre les espèces envahissantes sera d’abord attaqué par des plantes matures, mais éventuellement par des quantité massives des semis à l’automne. Le public curieux sera informé des milliers de façons dont la nature peut être rétablie. Chaque année, les oiseaux, les papillons, les papillons de nuits, les crapauds, les grenouilles et les libellules, de plus en plus nombreux, montreront au public ce qu’il manque sans le savoir. Par exemple, cette année, il n’y a pas eu d’épidémie des éphémères de mai à Montréal. Le consumérisme grossier a aveuglé notre sensibilité aux images, aux odeurs, aux souvenirs, aux rêves et à la nature. Un rite du printemps, la floraison des éphémères de mai est détruite et personne ne s’en soucie. Montréal compte des centaines de journalistes, des centaines de professeurs d’université et encore plus d’enseignants du secondaire et personne ne pleure la mort de trillions et des trillions de mouches de mai. I
Elles sont jetables, une externalité, une déduction gratuite dans le coût de faire des affaires. Le tiers ou les deux tiers des oiseaux qui se précipitent vers l’extinction ne seront pas pleurés après les premiers, mais ne seront même pas remarqués par la plupart, tout comme les éphémères de mai manquent pas. Les insectes ont diminué de 75 % en 25 ans, qui s’en soucie ?

La semaine dernière, un vieux pêcheur sur glace m’a raconté l’histoire suivante. Pendant l’Expo 67, l’administration Drapeau a empoisonné le fleuve Saint-Laurent avec de l’insecticide, le DDD, pour que les touristes ne soient pas dérangés par les éphémères de mai dans l’air. L’hiver suivant, la population d’esturgeons jaunes a été décimée par l’insecticide et la perte de milliards et de milliards de larves de éphémères de mai. J’ai eu la chance que ce vieux monsieur soit là pour parler de son expérience personnelle, car seules des études occasionnelles ont été réalisées et ont démontré « aucune perte significative de poissons ou d’oiseaux piscivores ». Je préfère faire confiance au vieux pêcheur sur glace.